Histoire de Colombier-le-Jeune

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NOTES HISTORIQUES SUR COLOMBIER LE JEUNE JUSQU’AUX GUERRES DE RELIGION

Colombier le Jeune est situé au centre du plateau que porte l’éperon compris entre Doux et Ormèze. L’acte de fondation de Boucieu du 27 octobre 1291, dit que Colombier était une villa, c’est-à-dire une exploitation agricole. Il y a tout lieu de penser qu’elle possédait déjà le Castrum, le château fort dont il est question plus tard. Castrum établi, à l’époque, à l’extrémité sud de l’ager Columbarensis, couvrant le passage du Doux. Dès le 12ème siècle, ces anciennes forteresses romaines étaient fort vieilles et délabrées, et comme l’art de la fortification avait fait d’énormes progrès en Palestine et en Syrie à l’époque des Croisades, on comprend que le Seigneur de St Romain ait considéré comme une simple exploitation agricole une localité n’ayant qu’un ouvrage de si faible importance et que son seigneur direct ne trouvait aucun intérêt à l’habiter. Le système militaire féodal, avait jugé inutile de fortifier Colombier le Jeune, peu propice à établir un établissement militaire. Il faut en effet remarquer que toutes les invasions barbares avaient suivi la vallée du Rhône et que c’était toujours de là que partaient les bandes de pillards qui désolaient la région. Par conséquent, le danger venait de l’Est, et c’est dans cette direction que font face tous les châteaux féodaux de la région dans laquelle se trouve Colombier le Jeune. Ils ont été évidemment établis suivant un plan d’ensemble dans lequel nous avons l’occasion d’admirer la science militaire d’une époque que nous jugeons aujourd’hui très injustement, car nous la connaissons mal. Ces châteaux sont de véritables forts d’arrêts destinés à empêcher la pénétration de l’Est à l’Ouest. Nous sommes donc amenés, avant de les énumérer, à parler des voies de communication qui, au début de la féodalité, permettaient de passer de la vallée du Rhône à la région de Colombier le Jeune, la seule qui nous intéresse pour l’instant. Supprimons d’abord par la pensée Boucieu, fondée seulement en 1291, puis les deux routes actuelles de Tournon à Lamastre, celle de la Raviscole, St Barthelemy le Plain, le col des Croix, Rattier, etc. et celle qui remonte la rive droite du Doux. Ces deux routes, surtout la dernière qui est la plus récente, ont été tracées sur le flanc des pentes abruptes, et en surmontant des difficultés que n’abordaient même pas les Romains. De nos jours, il suffirait de déposer des mines au-delà du pont de César, sur une longueur de 200 à 300 mètres, pour faire sauter la route en corniche, et remettre les choses en l’état où elles se trouvaient avant le 14ème siècle. Ainsi, la route de Tournon vers la montagne s’arrêtait, à l’époque qui nous occupe, au pont de César (barrage actuel des eaux du Doux), détruit probablement à l’époque des invasions, puisqu’en 1252, les consuls de Tournon, désignèrent des pontonniers, chargés d’assurer par bateau, le passage du Doux. Ce passage, s’effectuait à l’emplacement actuel du Grand Pont commencé en 1353, mais dont les travaux emportés par les eaux en 1382, ne furent achevés qu’en 1470. Après la traversée de la rivière, le chemin gagnait la crête, en se développant sur les flans Sud et Ouest de la montagne, alors que la route actuelle s’élève à l’Est et au Nord. Le vieux chemin se trouvait donc très près de Valmordane, et un autre chemin s’en détachait, qui descendait dans cet oasis de Valmordane, pour remonter ensuite sur le château, et aborder le plateau , où se trouvent St Barthelemy le Plain et Colombier le Jeune. Cette position du château de St Romaine Valmordane était des plus importantes. Revenons au pont de César au Sud duquel se trouvait un autre chemin muletier, qui par Meyras, atteignait le château de Plats, puis continuait par St Martin de Galezas, pour franchir le Duzon sous St Sylvestre, puis s’élevait par Lestra Bas et Lestra Haut (Lestra vient du latin via strata). Au sud de la chapelle se détachait le chemin de Colombier le Jeune, qui traversait l’Ormèze à gué, passait près de Nodin, franchissait le ruisseau d’Estezet sur le petit pont qui existe encore, et montait sur Colombier. Au sud de la chapelle, la Via Strata, que nous avons laissée, bifurquait encore : un chemin passant entre Sivas (serait-ce Cesaris Acus ?) et Blanchard traversait Gilhoc (Julis acus) continuait sur Solignac, et de là soit sur Macheville par le Tracol et Lagarde, soit sur Grozon par le col au sud de Fontbonne. Toujours au sud de la chapelle, la Via Srata continuait à suivre la hauteur, toujours à l’abri du vent du nord (avantage trop négligé de nos jours) et par Mayre Le Nas, atteignait le col des Fans, ou passait le chemin de Grozon, St Barthelemy le Pin, et Macheville. Nous pensons que c’est ce dernier itinéraire que suivit le Pape Urbain II lorsqu’en 1095, il se rendait en Auvergne. Cette opinion est basée sur la vieille relation qui dit qu’Urbain II se rendant de Valence en Auvergne passa par Tournon, où il fut reçu au château en très grande cérémonie, et que de là, il se dirigea sur Macheville, avec une suite nombreuse et 20 mules blanches, en suivant un chemin qui commençait aux ruines de Grozon jusqu’au Prieuré de Macheville, où il célébra une messe solennelle le 8ème jour de septembre 1095. L’auteur de la relation pouvait alors croire que le ruisseau de Grozon commençait au col des Fans. Dans cet itinéraire du Pape en 1095, nous voyons une preuve de la non-existence des routes de La Mastre. La nouvelle route, celle de la rive droite du Doux, ne date d’ailleurs que de 40 ans. Exposée durant tout son parcours au vent du Nord, elle a eu pour objectif principal de desservir Le Crestet. Quant à l’ancienne, celle qui passe par La Raviscole, St Barthelemy le Plain, elle bifurquait à Orion pour descendre sur Boucieu le Roi. L’autre continuait par le col des Croix, Rattier, et Le Crestet. Un chemin reliait Boucieu au Crestet, d’où continuait la route de La Mastre. En résumé, à l’époque féodale, seuls deux chemins muletiers permettent l’accès à Colombier le Jeune en venant de Tournon. 1° Celui qui barre le château de St Romain Valmordane (aujourd’hui Mordane). 2° Celui qui barre le château de Plats et son avancée, pour le front. Sur le flanc droit : St Martin de Galezas et plus en arrière, les châteaux de Galezas et Grozon. Sur le flanc gauche : le château d’Etables et en 2ème ligne ceux de Bosas et Ruisas. La position est donc très bien couverte, et à ce point de vue, il n’y a pas non plus de raison de relever ou plutôt d’améliorer le vieux Castellum Romain de Colombier le Jeune. Ce fut le Roi de France qui fit une brèche sérieuse dans le système défensif de la région, à une époque d’ailleurs où il n’avait plus de raison d’être, en supprimant la force et l’objet du château de Valmordane, par la construction du chemin royal de Boucieu à Tournon. Ce chemin dont nous parle le premier, un terrier de dût être construit dans la première moitié du 14ème siècle. Son établissement ne nécessitait d’ailleurs que la construction de deux tronçons : celui de Boucieu à Orion, et celui séparant du chemin de St Barthelemy à Mordane, pour descendre par La Raviscole sur les bords du Duzon. Là, devait se trouver un pont, emporté par la suite, puisqu’en 1553, l’assiette des états du Vivarais, tenue à Tournon, accorda une somme de 500 livres pour la réédification du pont de Duzon. Cent ans après, le nouveau pont avait encore été emporté, ou se trouvait insuffisant, puisqu’en 1656 fut construit le pont qui existe encore de nos jours. De Duzon, le nouveau chemin royal venait rejoindre au pont de César, ceux dont nous avons parlé. La construction du chemin royal de Boucieu à Tournon eut pour résultat immédiat de rendre sans objet et surtout sans valeur le château de St Romain de Valmordane qui se trouvait ainsi tourné et c’est parce que de nos jours, nous croyons que ce chemin a toujours existé que nous an’arrivons pas à expliquer la situation de Mordane. Dès 1375, les seigneurs de Valmordane n’habitent plus leur château de valeur militaire nulle, et dont le séjour manque évidemment de charmes. Nous pensons cependant, qu’avant de l’abandonner, ils essayèrent de faire face à la nouvelle situation, en modifiant les constructions de la partie Sud-Ouest, celle qui garde St Barthelemy le Plain, et que c’est de cette époque que date la tour en demi-lune et le mur extérieur de ce côté. Le chemin qui côtoie le château a dû aussi être changé de côté, l’ancien qui montait du moulin de Valmordane devait passer du côté Sud. On le remplaça par l’escarpement actuel, parce que le danger était maintenant du côté Ouest et qu’il a toujours été de principe d’obliger l’assaillant à présenter le côté droit, le gauche étant abrité par le bouclier, et le tireur ayant plus de facilité pour ajuster à gauche qu’à droite. Le nouveau chemin fut creusé en tranchée, faisant ainsi un fossé en avant du mur. Au bout du mur, la direction du nouveau chemin formait un nouvel angle droit, rendant évidemment le passage difficile. Mais personne ne songeait plus à passer par là, et lorsqu’une branche des Fay d’Etables hérita de la Seigneurie de St Romain Valmordane, le château continua à être inhabité par ses nouveaux seigneurs qui, avant 1503, allèrent se fixer au Mas de Corsas, situé dans le mandement du château et à la limite de celui de Colombier le Jeune. Le mas pris dès lors le nom de St Romain (propriété Tracol). Il est probable qu’à l’époque de la Guerre de Cent Ans, le château de Valmordane était devenu un repère de routiers qui se lançaient de là pour infecter le pays de leurs brigandages, et qu’aussi à la 1ère occasion, il fut détruit et mis dans l’état où il se trouve aujourd’hui. C’est une tendance naturelle, lorsqu’on cherche l’histoire d’une localité, de suppléer par son imagination, aux documents qui font défaut, et de penser que si l’on pouvait mettre la main sur ces documents, on y verrait la preuve d’évènements importants. Quoique Colombier ait eu son château et son fort, nous pensons cependant qu’il n’y a pas à chercher, dans son passé, des récits de sièges ou de défenses héroïques.    

CHÂTEAU DE COLOMBIER LE JEUNE

Son existence est établie par le terrier de 1484-94, par le testament du 14 mars 1588 de Messire Pierre Rattier, prêtre de Colombier le Jeune, par l’acte d’acquisition du 29 avril 1693 de Messire Christophe Bellin à qui l’on vend le sol et masure d’un vieux château. De nos jours encore, on appelle château la maison de Siméon Crozat qui limite au nord la place de l’église et près de laquelle se trouve le puits, dit puits du château et aussi la maison de Melle LUYTON qui a subi moins de modifications. C’est tout ce que l’on sait de façon positive. Cependant, le peu d’importance de ce château semble placer son origine à une époque bien antérieure à la féodalité, et d’autre part, la démolition d’une porte du mur de la maison Crozat afin de permettre la communication de la place de l’église avec le puits du château a mis à jour un appareil et des matériaux qui ont fait penser aux personnes présentes qu’il s’agissait d’une construction romaine. La solidité des substructures a été telle, qu’on n’a pu en venir à bout et qu’il y a encore aujourd’hui des marches pour accéder au puits. Nous admettons donc l’origine romaine du château de Colombier. Essayons de nous représenter ce que pouvait être à l’origine le Castrum Romain. Il faut supprimer d’abord, par la pensée, l’église actuelle du 11ème ou 12ème siècle, et qui, construite dans la cour basse du château, a été remaniée surtout dans ce dernier siècle. Il faut aussi supprimer la grande route de Tournon à Gilhoc, qui date de quelques années, et voir les communications qui devaient exister seules à l’origine. 1° Le chemin de Colombier à St Sylvestre (terrier 1484-94) est celui dont nous avons déjà parlé. Après la traversée du pont du ruisseau d’Estezet, il bifurquait pour aller d’une part sur la chapelle où il rejoignait la Via Strata et d’autre part sur Citadelle Mirabel (aujourd’hui Rouveure) et Gilhoc. 2° La Charrière (chemin de charrette) de Colombier au passage du Doux (à Boucieu à partir de 1291). Dans le village, cette charrière suivait le vintain (mur d’enceinte) du château qui passait dans la ruelle, entre les maisons Fourel et Régis Banc, pour sortir à la maison du facteur (la percée devant chez Deshières n’existait pas). 3° La charrière du Mas de Labes à l’église de Colombier (terrier de 1484). Ce sont très probablement les seules voies de communication qui sortaient du village, et c’est en dehors de lui et à une certaine distance qu’elles se ramifiaient pour desservir les différents mas qui pouvaient exister. La place actuelle de l’église était plus élevée de 1,10m environ, et portait le nom de cour basse du château. Elle servit par la suite de cimetière. Cependant, il y avait un passage en contrebas d’un mètre de large environ le long des maisons Luyton, Balastier et c’est par ce partage, que communiquaient, dans l’intérieur du village, mais en dehors du château, les chemins 1 et 2. Quant à 2 et 3, ils devaient communiquer par le fossé, qui entourait la cour haute du château, mais en dehors de celle-ci. Ceci établi, voici quel pouvait être le contour apparent du Castrum Romain. 1° Face Sud : rempart bâti qui constitue aujourd’hui la face sud de la maison Crozat, sur la place de l’église. Le rempart couvrait le puits, et du côté est, allait se raccorder à une grosse tour carrée (maison Tailleur Reyne aujourd’hui maison, magasin de JP SAVEL). 2° Face Ouest : autre rempart, dont il est parlé plus haut, sert aujourd’hui de façades aux maisons de Simeon Crozat, des Passas et des Thomas Fraysse, ou plutôt c’est lui qui s’appuie sur ces habitations. A l’angle, formé par les remparts sud et ouest, une tour, qu’on aperçoit, près du puits du château. 3° Face Est : a dû être modifiée par suite de la construction de l’église. Celle-ci et son clocher durent plus tard être considérés comme une annexe du château, disposés de façon à concourir à la défense de ce côté. Cette face du Castrum devait se terminer par la grosse tour carrée (maison du tailleur Reyne) dont nous avons déjà parlé. Cette tour pouvait commander l’entrée dans le château, battre la charrière de Labes et aussi le fossé de la face nord (le terrier de 1484-94 parle d’une grande tour). 4° Face Nord : Rien n’indique de ce côté un rempart quelconque. Peut-être y avait-il de côté un Vallum ou fossé avec, en arrière, une palissade protégeant la cour haute, la place du château comme dit le terrier. C’est au fond de cette place que se trouvait le four. Le fossé, ou vallum romain, dont nous parlons existe bien encore de nos jours, puisque la sortie actuelle du village sur Tournon, se fait par une tranchée et que les maisons Fraisse, Savel (XXX) Maisonneuve et Fourel sont adossées à un terrain nettement surélevé. Si on supprime par la pensée ces maisons, et qu’on remette la terre enlevée entre Fraisse et Clair (le maréchal), on trouve bien un sérieux fossé entre la charrière de Labes et celle de Boucieu.  

JUSTICE

Pour la justice, Colombier le Jeune dépendait aussi du Vivarais en ce sens que les affaires qui n’étaient pas de la compétence de la cour ordinaire de Colombier le Jeune étaient portées au baillage de Boucieu le Roi transféré en 1564 à Annonay. On appelait de là, aux présidiaux de valence ou de Nîmes, suivant les époques, car ces deux présidiaux se sont de tous temps, disputés le Haut Vivarais, et en dernier ressort au Parlement de Toulouse. Nous avons vu le rôle de châtelain dans les délibérations de la communauté. Nous n’avons rien d’autre concernant cette Cour des ordinaires de Colombier le Jeune. Il y avait à la fois le juge qui résidait généralement à Tournon, et le Châtelain, dont la résidence était à Colombier le Jeune.
  • 1546 : Noble et agrégée personne. Maître Bernard de Barjac, licencié en droit, juge de Tournon et Colombier le Jeune.
  • Avant 1624 : Me Pierre BOURRAT de La Grange, procureur d’office de Colombier.
  • Avant 1627 : Me Claude ESCOFFIER, châtelain de Colombier le Jeune
  • 27 octobre 1651 : Pierre FAURE, praticien de Gilhoc, se fait XXXlme greffe de Colombier le Jeune par les fermiers des rentes du Seigneur de Tournon.
  • 1655 – 1683 : Me François d’Estezet, Seigneur de Girodier, châtelain de la juridiction de Colombier le Jeune, haut d’Estezet où il meurt le 12 mai 1683.
  • 1684 : Me Pierre GARDE, notaire royal, plus ancien procureur en la cour ordinaire de Colombier le Jeune, faisant fonction de magistrat en cette cour, en l’absence de Me D’ESTEZET, juge de cette juridiction.
   

LE FORT DE COLOMBIER LE JEUNE AU 14EME SIECLE

Durant la Guerre de Cent Ans, où à la guerre étrangère se mêlait la guerre civile, ce qui avait échappé aux compagnies de routiers (Societatibus Regnum discurrentibus) devenait la proie des paysans affamés convertis en brigands (Latrumcalis) comme les Tuchins. (A Boucieu en 1382, on pendit plusieurs Tuchins qui désolaient les paroisses des environs). Les centres ruraux furent tous dans l’obligation de se mettre à l’abri de ces brigandages, et ceux d’entre eux qui étaient restés complètement ouverts, durent songer à s’entourer d’un mur d’enceinte, et de quelques fortifications, derrière lesquels tous les habitants du mandement, aussi bien ceux de l’agglomération que ceux des Mas voisins venaient chercher un refuge en cas de danger. Nous en avons un exemple typique dans la pétition adressée le 17 mai 1368 par les habitants du mandement de Boucieu le Roi à leur Co-seigneur le Roi de France. Celui-ci, après enquête du Bailli du Vivarais et Valentinois, donna l’autorisation le 27 octobre 1368 aux habitants de Boucieu de changer l’emplacement de leur village, alors en amont et près des ruines du vieux pont, pour le transporter sur la butte où il se trouve aujourd’hui. Sur cette butte, ils construiront un fort (fortalitium) c’est-à-dire, une enceinte à l’intérieur de laquelle seront leurs habitations qui devront concourir à la défense. A Colombier le Jeune, à la même époque, les mêmes fléaux provoquèrent de pareilles mesures de sécurité, mais il n’y eut pas grand-chose à faire car le village n’était pas sorti de l’ancienne enceinte du Castrum Romain. On n’eût qu’à rétablir cette enceinte, ce qui fut rapidement mené grâce aux corvées et à l’argent provenant de l’impôt du vingtième, d’où le nom de vingtain donné aux murs d’enceinte. Cependant, il est possible que dès l’époque de la guerre de Cent Ans, le village serait étendu en dehors du Castrum et que les maisons aient été construites au-dessous de la cour basse du château (Presbytère = ancienne maison Rattier, maison Luyton épicier, Berliou, Balastrier). C’est du moins la situation que présentait le village au 16ème siècle (1516). Ces maisons étaient comprises dans le fort puisqu’elles avaient leurs ouvertures du côté de l’intérieur du village et surplombaient pas mal le chemin de ronde qui existe encore du côté sud. Il se peut aussi que le chemin de Boucieu, qu’on appelait aussi le chemin du portail du fort, ce qui semble indiquer un portail entre Balastrier et Luyton Boucheire ou en dessous. Il se peut que ce chemin ait été déjà bordé de maisons de l’autre côté du vingtain du château ; mais comme celles-ci (Luyton Boucher, Tracol, Fraysse etc.) ont toutes leurs ouvertures du côté de l’intérieur du village, elles faisaient une 1ère ligne, que l’ennemi devait emporter. En somme, avec un portail ou une barricade, entre les maisons de Luyton épicier et le presbytère, une autre barricade entre celles de Balastrier et Luyton Boucher, ou un peu en dessous, une autre à hauteur de la maison du facteur, une derrière du côté de chez Bardet, sur le chemin de Labes, l’accès du village avec sa configuration d’autrefois, était impossible, du moins pas commode, pour une troupe de vagabonds mal armés. En cas de danger, tous les habitants du mas compris dans le mandement venaient chercher un refuge à l’intérieur de ces maisons qui constituaient un Fort (fortalitium) par leur groupement pour ainsi dire entouré d’un mur d’enceinte. Au 16ème siècle, car nos renseignements sur le fort de Colombier ne datent que de cette époque, les Destezet ont une maison, près de la tour du château, les Rattier ont deux maisons, l’une aujourd’hui la Cure, l’autre qui doit être la maison Thomas. Les Sarralier des Combelles ont la leur près du cimetière de l’église, les Labes ont une maison qui semble correspondre à celle du maréchal ferrant Daru, la famille Morfin possède aussi sa maison au château de Colombier, d’haut en bas contenant trois étages et en 1546, il se trouve dans cette maison, outre des provisions de grains, une arbalète du poids de 6 livres avec son baudrier et carquois fermant à clef et garni de traits. Nota : par l’examen des murs, il faudrait déterminer si les habitations Thomas, Passas, Siméon Crozat ont été établies en perçant le vingtain du château (comme sur la place de l’église) ou si elles ont été autorisées à s’adosser à ce vingtain, à conditions d’avoir leurs ouvertures très au-dessus du sol. Ce qui expliquerait tous les perrons par lesquels on accède à ses maisons. Comme Colombier n’est pas un village particulièrement victime des inondations, on ne peut s’expliquer la hauteur au-dessus du sol de ces entrées, qu’en pensant qu’autrefois, les perrons actuels étaient remplacés par une simple échelle qu’on retirait le soir. En 1541 le roi fit faire le dénombrement des villes closes, une imposition spéciale fut mise sur ces villes. Cet édit ne concernait évidemment pas Colombier le Jeune, mais si cette localité avait cru bon de maintenir jusqu’alors ses anciennes dispositions défensives, on peut penser que les derniers vestiges de celles-ci disparurent à ce moment.  

EPOQUE DES GUERRES DE RELIGION A COLOMBIER LE JEUNE

Cette situation de ville ouverte eut l’avantage pour Colombier le Jeune de lui permettre de traverser sans trop de grandes misères l’époque calamiteuse des guerres de religion. Il est difficile de parler d’une façon certaine de cette période de notre histoire de Colombier le Jeune parce qu’après leur retour au catholicisme, les familles brûlèrent de nombreux documents établissant la part qu’elles avaient prises aux évènements dans le camp Huguenot. Aujourd’hui encore les généalogies ne font que de très vagues allusions à l’occasion des familles dans le calvinisme. Il semble en tout cas qu’il ne s’agisse que de faits isolés sans importance dans le milieu à la foi inébranlable où ils se sont produits. La vérité semble toute autre au moins en ce qui concerne nos régions et le registre tenu par Messire Pierre MOLIN, curé de Colombier le Jeune, pour la perception de son casuel des enterrements faits par lui, est assez probant à cet égard. Ce registre qui existait à la mairie, va de 1610 à 1629, nous aurons l’occasion d’en reparler quand nous étudierons le retour au catholicisme des habitants de Colombier. La doctrine de Calvin, pénètre dans le pays par l’intermédiaire de ce que nous appelons aujourd’hui les intellectuels, en particulier par celui des élèves des écoles de droit de Toulouse qui étaient devenues un foyer de propagande de la nouvelle religion. Les nouvelles théories, la violence oratoire de ceux qui les propageaient provoquaient du trouble dans les idées d’abord, dans la société ensuite. Ce trouble était une trop bonne occasion à saisir pour le réveil de tous les appétits, les mécontents n’y manquèrent pas. C’est le 27octobre 1561, que se fit à Annonay le 1er baptême à la mode de Genève des seigneurs de Changy et de Peyraud (tous deux, cadets de la maison de Fay). Le 28 avril 1562, les bandes du baron des Adreyts entrent à Tournon et avec elle Jean de Virieu (autre cadet de Fay, frère d’Antoine de Fay Peyraud qui en est nommé gouverneur. En mai 1562, Annonay, Privas, Viviers, Aubenas, et Tournon se déclarent pour le prince de Condé (protestant). A Colombier le Jeune, le notaire Duron, chatelain de Solignac (aux de Fay) dut jouer un rôle important dans la propagation du calvinisme, c’est du moins ce que laisse penser son testament du 27 novembre 1587 où il cite un nombre peu ordinaire de filleuls : Adam Rattier, Jean Fontgarnaud, fils du Viguier 1) de Boucieu, Paul Pranon, Pierre Mayre, Job Girodon, Abel Maguinet, Jean Garde, fils des notaires de Robert, Dufon, Bergeron, Chibat, et comme il ne se rappelle plus ses autres filleuls ou filleules, il leur laisse sans les nommer 6 écus comme à ceux qui lui seront donnés à porter à baptême à l’avenir. Comme nous savons d’une façon certaine que ce notaire Duron qui habitait Duron, était un ardent Calviniste, nous concluons de ce grand nombre de filleuls, dont plusieurs ont des prénoms qui ne nous laissent aucun doute, qu’il fut le principal artisan des conversions à Colombier. D’ailleurs, les exploits du terrible Baron des Adrets ou de ses lieutenants en 1562 firent certainement plus pour obtenir des conversions que toutes les prédications les plus éloquentes , et il est à peu près établi, que pour ne pas encourir sa colère, tous les habitants de Colombier n’hésitèrent pas à faire profession au moins en apparence, de la nouvelle religion. L’ancienne église est appelée le Temple dans le testament du 29 mai 1568 de François Morfin, des Morfins, qui mourut immédiatement après. Mais un acte postérieur nous apprend que les prêtres assistèrent à son enterrement. En tête des religionnaires de Colombier, il faut placer après Duron, la famille Rattier qui peu avant, avait compté un prêtre à Colombier, lequel avait fait une donation importante à l’église de cette localité. Nous en parlerons, ailleurs. A Estezet, il y avait 2 maisons et 2 familles. Les Beiguet Destezet apparentés aux Garde, ensuite les Montreyrand dits Pascal Destezet apparentés aux Morfins, tous fervents catholiques mais laissent passer l’orage, sous des dehors huguenots. Mais à vrai dire, il semble que ce parti fut l’infime minorité, en tout cas jusqu’à la St Barthelemy, ce parti n’osa avouer ses convictions et se tînt coi. Faute de documents particuliers concernant Colombier, revenons à l’histoire générale du pays et aux évènements dont cette localité dut bien ressentir le contrecoup. L’insurrection des Pays Bas eut sa répercussion en France. Coligny et les protestants résolurent de se saisir de la personne du Roi, alors au château de Monceaux, mais celui-ci, averti à temps, put s’enfuir à Paris (28 septembre 1567). Ce fut le signal d’un soulèvement protestant qui recommencèrent dans toute la France leurs massacres et pilleries. En août 1568, Saint Romain (Jean de St Priest, ancien évêque d’Aix, époux de Claude de Fay de St Romain Valmordane, laquelle avait eu sa résidence à St Romain, puis Colombier le Jeune) avec Virieu (Jean de Fay), Changy (François de Fay, cousin du précédent), entrent dans Annonay où ils brûlent les couvents, les églises et y lèvent 200 hommes de pied. Il convient d’ajouter qu’ils furent immédiatement remplacés dans Annonay par St Chamond (Christophe de St Priest, frère du précédent) chef des catholiques qui y commit des atrocités de même valeur. Après les batailles de Jarnac (13 mars 1569) et de Moncontour (30 octobre 1569) qui furent toutes deux des défaites pour les Huguenots, Coligny leur chef, dans ce qu’on a appelé sa « déroute en avant » arriva en avril 1570 à La Voulte et à Charmes où il passa 15 jours, puis laissant une garnison au Pouzin, il en repartit le 16 avril 1570 pour le Nord, toujours pillant et incendiant. La marche s’effectua par La Mastre, Nozières, Pailhares, Rochepaule, Montfaucon, Dunières, St Didier et St Etienne en Forez dont il s’empare le 28 avril 1570. C’est pendant cette marche de Coligny que furent pris les châteaux de Grozon et de Solignac. Le seigneur de La Tourette, gouverneur et lieutenant pour le roi dans le Haut Vivarais avait fait occuper le 22 septembre 1569 par le Capitaine Odon de la Garenne et 200 hommes de guerre le château de Grozon. Mais les protestants s’en emparèrent par la sape et l’incendie, massacrèrent la garnison catholique et s’y installèrent eux-mêmes solidement. Ils s’y maintinrent jusqu’en septembre 1570, date à laquelle ils se retirèrent, remettant le château aux mains de son légitime propriétaire, Messire Jean de Lestrange, après toutefois qu’une enquête officielle eut constaté les dévastations très considérables qui y avaient été commises. Quant au château de Solignac, il était alors la propriété de de Messire Rollin de Damas, Seigneur de la Motte par son mariage avec Diane de Fay, héritier de la maison de Solignac. On ne sait pour quel crime ce Rollin de Damas avait été appréhendé, le 5 mars 1567 au Savel de La Mastre, par le lieutenant du prévot de Messieurs les Maréchaux de France, en la sénéchaussée du Puy. Aussi en 1569, le château de Solignac était inhabité, le Seigneur de La Tourette ayant appris que les protestants voulaient s’en emparer, donna l’ordre en sa qualité de lieutenant pour le Roi au même capitaine Odon de La Garenne, de le faire occuper par quelques soldats. Ce qui fut fait le 10 décembre 1569, jour auquel une vieille femme qui habitait seule le château, en remit les clefs au capitaine. En 1570, Solignac fut donc pris par les protestants, qui détruisirent le château et le mirent en l’état dans lequel il se trouve encore aujourd’hui, car les possesseurs n’essayèrent jamais de le relever de ses ruines. Les protestants furent atterrés de la St Barthélémy, moins à cause du massacre, qui fut fort exagéré, que parce qu’au train où allaient leurs affaires, ils avaient pu espérer faire de la France une nation protestante et qu’ils voyaient en un instant sombrer leur œuvre, reprirent l’offensive et de nouveau la guerre fut partout. A Colombier le Jeune, Jean Montreynaud Destezet et d’autres avec lui, dont nous ne savons pas le nom, durent quitter le pays, comme il se voit dans un acte dont voici un extrait : « En septembre 1572, les guerres ayant recommencé après la St Barthélémy furent si grandes que le dit Montreynaud, tout vieux et décrépit qu’il était, fut contraint de quitter et abandonner son bien propre, pour aller habiter en Dauphiné pour se protéger des pilleries, emprisonnements forts fréquents en ce pays et ce fut pour trois ans à cause que le dit Montreynaud tuteur, n’osait à cause des troubles, demeurer à Colombier, ni tenir maison, bestiaux, ni labourage en sorte qu’il fut comme les autres, contraint pendant ces trois années, d’abandonner ses biens propres et de les bailler pour l’acquittement de la Ceuse et de la taille sans qu’il ne prît rien. Pendant ce temps, sa famille vécut comme elle put, et cela depuis septembre 1572 jusqu’à septembre 1575, ce qui fit 3 années complètes. Lolem aurait souffert plusieurs logements de guerre (juste avant son départ) passage de compagnies qui auraient mangé les fruits, et gâté les vignes, lorsqu’elles étaient prêtes à vendanger. Desquels logements, dégâts de foule demande lui être alloué 200H. Lolem, pour bilhettes, contributions à La Bastic, Solignac, Bosas, Tournon, Maisonseul, Chateauneuf « vernoux » et Plats. L’année qu’il fut contraint d’abandonner (1572) aurait payé à la garnison de Plats pour sa cotte 6H, à celle de la Bastie 8h, à celle de Chateauneuf 5H, à celle de Solignac 2H15S, tant en argent qu’en bois, chandelles, avoines, revenant à la somme de 25H . Lolem, payé pour une contribution ou emprunt, fait par ceux de RPR, qui tenaient Tournon, lorsqu’on ravitaille, il dut fournir 3 saulnées de blé et les faire porter à Tournon. Ce Jean Montreynaud, avait pour fils le capitaine Destezet, capitaine sans doute, dans une troupe protestante. Mais bientôt revenu au catholicisme puisqu’en 1602 il fait baptiser un enfant par le curé de Colombier. Il est probable que les Montreynaud furent toujours, au fond, catholiques, bien qu’ils furent un moment obligés de quitter le pays. C’est aussi sans doute après la St Barthélémy (24 août 1572) que le presbytère de Colombier le Jeune, donné par Messire Pierre RATTIER en 1518, fut pillé et ruiné. Les fanatiques qui opérèrent cette destruction n’étaient-ils pas sous la conduite d’Adam RATTIER, qui le 12 août 1515, au moment du payement des impôts, dut donner, quoiqu’il fût encore protestant, la jouissance de sa maison qu’il possédait à Colombier. Cette maison par la suite, fut très longtemps la vicairie, et nous croyons que c’est aujourd’hui, la maison Thomas. Ce qui peut confirmer cette hypothèse, c’est une lettre du capitaine Destezet, à son fils Ferréol en 1655. La cure actuelle fut rebâtie en 1655 par Messire jean Pierre des Boscs, seigneur de Saignes, curé de Colombier le Jeune, et sur l’emplacement de la maison qui avait été donnée comme presbytère par Pierre RATTIER dans son testament du 14 mars 1548. A ce moment, il n’y avait malheureusement pas que la guerre civile ! En 1564 et 1565, la peste fit des ravages dans la région. Le 1er octobre 1567, une crue du Doux comme on n’en avait jamais vu emporta toutes les prairies et beaucoup de maisons. En 1568, ce fut encore pis et nous trouvons dans un livre de raison…
« A tous chrétiens soit chose de mémoire qu’en l’an 1586, je soussigné Clause de St Cierge, ai vendu et vu vendre par tout le pays la quarte de blé 4H10s (22,50F les 22 litres), le pot de vin (0,87F le litre) et aussi en cette année est de chose de mémoire que par toute la France a été la guerre, la peste, la famine, et de ces trois choses est bien mort les trois quarts du peuple. Fait dans ma maison de St Cierge le 15 septembre 1586 (St Cierge paroisse de Macheville). »
Aucun document ne nous permet de dire d’une façon certaine, à la suite de quoi, les habitants de Colombier le Jeune, abandonnèrent le calvinisme pour revenir à la foi de leurs pères. Le registre du curé Molin, qui est aux archives de la mairie, nous montre que cette évolution se produisit vers 1620. Les évènements politiques ne peuvent en être la cause, puisque la prise de La Rochelle est du 28 octobre 1628, et celle de Privas du 27 mai 1629. Quant à l’abjuration de Henri IV (25 septembre 1593), il y a avait 17 ans qu’elle s’était produite et le désordre dans le clergé avait continué après elle, favorisé par le Roi lui-même qui donnait les évêchés à des enfants de 4 et 9 ans, laissait 100 évêchés sans titulaire et distribuait des abbayes à ses compagnons d’armes, même huguenots. Cette conversion n’est pas non plus le fait du clergé séculier, car il y a chez lui un laisser-aller qui enlève toute autorité. A notre avis, le retour au catholicisme de notre région doit être attribué aux Jésuites d’abord, aux Capucins ensuite. Les Jésuites laissent à d’autres les écoles du peuple, et n,e s’occupent que d’élever les enfangts de la ,oblesse et de la bourgeoisie, appelés un jour à gouverner l’Etat. Leur action très sûre était lente et ne devait s’étendre aux masses, que par l’intermédiaire des classes supérieuresbien dressées et bien dirigées. Les Capucins marchèrent au peuple dont ils avaient les manières et les ardeurs. Lorsqu’en 1561 le Cardinal de Tournon, étant venu visiter son collège de Tournon, fut insulté et menacé par ses élèves, il comprit toute l’étendue du mal. Après avoir été sur le point de supprimer cet établissement, il jugea qu’il valait mieux le maintenir, mais en modifiant complètement la direction. La compagnie de jésus était seule capable avec sa discipline et son esprit de suite, de mettre un terme à la confusion chaotique de l’intellectualisme. C’est ainsi qu’il fît appel à Jacques Lagnez, qui avait remplacé Ignace de Loyola, dans la généralité des Jésuites. Celui-ci envoya des frères de mérite connus, qui prirent possession du collège de Tournon le 3 mai 1561 et ouvrirent leurs classes au mois de juin suivant. En avril 1562, l’arrivée du Baron des Adrets les obligea à quitter le collège et à se réfugier en Auvergne. Mais protégé par le Cardinal de Tournon, ils ne tardèrent pas à y revenir, puisqu’en 1595 nous voyons que le parlement de Paris ne peut arriver à les en déloger, à son grand dépit, en raison de la proximité de Tournon et de Lyon, villes qui faisaient partie de son ressort. Voici ce qui était arrivé : après l’attentat de Jean Chatrel contre Henri IV, l’université jalouse des succès des Jésuites dans la prédication et surtout dans l’enseignement en avait profité pour obtenir du Parlement de Paris un arrêté d’expulsion le 29 décembre 1594. Mais les parlements de Bordeaux et de Toulouse, refusant de prendre parti dans cette querelle de boutique, ne voulurent pas exécuter cet arrêt du Parlement de paris. Comme Tournon était du ressort du parlement de Toulouse, les Jésuites ne furent pas inquiétés, ils firent même de nouvelles acquisitions dans la région. En 1593 le prieuré de Macheville fut uni au collège du Puy avec toutes ses dépendances dont Colombier le Jeune. C’est le prieur de St Paulien qui se démit de ses fonctions en faveur des Jésuites du Puy et Antoine de Senecterre, abbé du Monastier d’où dépendait autrefois le Prieur de Macheville donna son consentement le 29 juillet 1593. Quant aux Capucins, ils s’établirent à Tournon le 11 novembre 1619 dans le jardin que possédait Just Henri de Tournon, hors de la ville, près de la porte de Mauves. On peut donc penser que si d’une part, les enfants des familles notables de la région reçoivent une forte éducation catholique au collège de Tournon, d’autre part, les prédications des Capucins de cette ville contribuèrent à la conversion à la foi catholique de la masse du peuple. Le Père Syndic du Collège du Puy en sa qualité de Seigneur et Prieur de Macheville a commencé à recouvrir les biens de l’église Notre Dame de Colombier le Jeune, pillés pendant les guerres, et comme il avait la nomination de curé de cette église, il désigna Messire Pierre Molin, natif de Charbonnière en Forez. Le registre de celui-ci, pour la perception du casuel des enterrements, va de 1610 à 16329 inclus. La situation du nouveau curé, était évidemment très précaire avec une église sans autel, un presbytère en ruines, une population déshabituée du culte catholique, par une interruption de 50 ans dans son exercice. En 1613, l’évêque de Valence fit sa visite à Colombier le Jeune pour le rétablissement du culte catholique romain et la re-consécration de l’église, qui avait servi aux cérémonies du culte protestant. En 1679 et 1680, les Révérends Pères Aymeric et Giebert, de la Compagnie de Jésus, obtiennent les abjurations dans le pays. Des missions, les années suivantes, en obtiennent de nouvelles en 1683 et 1685. Plusieurs de ces abjurations, sont indiquées dans les registres paroissiaux de Colombier le Jeune qui se trouvent à la mairie. La guerre des Camisards ne parut pas avoir de contrecoup à Colombier le Jeune. Il n’en fut pas de même à Gilhoc où en 1712, il y a une garnison, composée de
  • une compagnie du régiment d’Orléans avec le capitaine Alexis Bellin, frère de Christophe, Seigneur de Colombier le Jeune.
  • Une compagnie de grenadiers du régiment de Castelnau
  • Une compagnie de fusiliers de Monseigneur de St Quentin. En 1712 on dit qu’elle est en quartier à Gilhoc, depuis plus de 3 ans.
On sait que des régiments de milice bourgeoise furent livrés à l’occasion de ces nouveaux troubles. En 1697, Christophe Belin (branche de Lareal) est major du régiment de milice bourgeoise du Marquis de Brison. En 1694, il était capitaine, aide major du 1er bataillon du régiment de vieille Marine. En 1709, Seigneur Jean Buisson, conseiller du Roi, maire perpétuel de Solignac, major de milieu bourgeoise au régiment de Vocance du lieu de Blanchard, paroisse de Gilhoc. En 1758, Noble Just Gabriel Destezet, officier de Cavalerie, commandant pour sa majesté l’arrondissement de Gilhoc, Seigneur du St Cierge, habitant Estezet. Supplique sans date, très probablement de François Destezet de St Cierge 1647 – 1719. Au Roi : François d’Estezet de St Cierge, lieutenant réformé dans le régiment de la commune de St Sylvestre, supplie très humblement votre majesté , de vouloir bien, lui accorder quelques gratifications, en considération des soins et grosses dépenses qu’il fut obligé de faire du temps des derniers troubles de ceux de la R.P.R en Vivarais, par diverses courses, qu’il a faites dans ce pays-là, tant pour empêcher les massacres parmi les peuples, à quoi il a réussi, que pour donner les avis nécessaires à Mr Daguessau, intendant de la province du Languedoc, et pour avoir tenu beaucoup de monde à ses frais et dépens, pour empêcher les églises de son voisinage d’être brulées, comme aussi pour les soins qu’il a pris pour la conversion de ces peuples, en ayant fait convertir 5 paroisses, le nom et état desquelles il porta à Mr le Duc de Noailles par ordre de Messire de St Rhu, lequel il suivit à l‘affaire de Bourdeaux en Dauphiné, et pour le seigneur de Noailles , dans toutes les expéditions du Vivarais, lequel aura la bonté de certifier de tout ci-dessus. Fait en sa présence et par ses ordres etc… Aujourd’hui : 6 août 1739, a été arrêté dans la maison de Despinal, paroisse de st Félix (Vernoux), le nommé Foriel dit la Sagnie, ministre prédicant fanatique, avec sa femme Lespinal, , son père, une autre femme et une jeune fille. Le dit prédicant, pour se sauver, est monté par la cheminée. Le détachement de Vernoux, du régiment Dauphin, qui en fit la capture, le tira sur le toit. Il fut atteint d’un coup de fusil, qui lui traversa le corps. On le porta ainsi sur un brancard à Tournon, où avec sa suite, ils furent enfermés au château. Il est mort de sa blessure le 14 août et a été enterré derrière le château auprès de Vernet, autre prédicant fanatique, qui fut pris à La Mastre au mois de mars dernier (1739). Pendant qu’on le conduisait à Tournon, Vernet, étant ainsi aux Croix de Colombier le Jeune, tenta de s’évader, mais fut tué raide d’un coup de fusil. Son cadavre fut porté à Tournon et enterré derrière le château.